Verre coulé et argenté
Série d’œuvres uniques, signée et numérotée,
Dimensions variables.
Photo : Thomas Lambert
Edited by Mobilab Gallery
Ces pièces sont réalisées en verre coulé, une technique ancestrale pourtant complexe à realiser. Dans ce contexte expérimental, la structure étonnante de la surface inférieure de la pièce de verre est provoqué par un choc thermique dû à la plaque de métal sur laquelle elle est coulée. Le verre en fusion est répandu sur une surface d’acier frais afin de le faire réagir et se contracter, générant une texture ondulée, contribuant ainsi à la genèse de l’oeuvre.
Une fois la pièce refroidie, elle est argentée pour créer un effet luisant, semblable à un reflet de soleil couchant sur une mer d’eau agitée. Elle devient ainsi un miroir déformant la réalité, une oeuvre poétique et imagée que le spectateur découvre et s’approprie.
Les références de ce travail sont multiples. Elles évoquent le reflet rêveur de la nature dans les lacs suisses et se réfèrent par leur titre tant aux tableaux spéculaires de Max Ernst qu’au « Specula Principum », le miroir des Princes, qui désigne des écrits politiques durant le Moyen Age et la Renaissance et dont la fonction était d’instruire les futurs princes à réflechir à leur responsabilités. Le miroir de l’alchimie « Speculum alchemiae » en référence à la transformation du plomb en or (ou en argent) peut aussi être évoqué, et fait ainsi le lien avec le monde de la magie.
La recherche de poésie est une constante dans l’oeuvre de Philippe Cramer et ce nouveau travail émotif et sen- suel se rattache à son langage artistique commun. Le « Yuugen » japonais décrivant une conscience de l’Univers qui engendre des sensations trop profondes et mystérieuses pour les mots communs pourrai correspondre parfaitement à cette série. Ce terme incarne et décrit un amour et un respect de la beauté présente, passée et future de l’élément contemplé, comme si la « vie » d’un objet faisait partie de sa splendeur avec les transformations et modifications que le temps lui inflige.
Ces thèmes font tous référence à la conscience de soi: le spectateur, ainsi que son environnement, sont reflétés dans ce « miroir » de manière modifiée, fragmentée, et évoluant en permanence du à son angle de vue toujours changeant.
Cette série rend également hommage aux pratiques d’artisanat qui cherchent à renouer avec une dimension décorative de l’Art et revaloriser des techniques dévaluées ou refoulées par la modernité. Le coulage de verre et l’argenture font partie des acquis de production traditionnels, mais ont été délaissés au profit de technlogies industrielles denuées d’émotion induites par une permanente recherche de perfection plastique.
En contradiction au dogme établi soucieux de dissimuler les témoins de la vie, Philippe Cramer travaille la substance brute de manière poétique pour faire renaître la nature des matières premières et les sublimer.
philippecramer.com